mercredi 23 septembre 2009

De Bohol à la Malaisie

Demain, la Malaisie. Nouvelle aventure, avec une amie française, Violaine, et une Japonaise, Aya. Au programme, trek dans la jungle, repos sur des îles. Repos veut dire plongée (masque, tuba et palmes pour moi parce que je ne suis pas très confiant pour la plongée avec bouteilles), bronzette, baignade dans une eau, bleue turquoise, à plus de 24-25°, balades aux alentours et dans les villages… Premier voyage donc, en dehors des Philippines, seulement pour quelques jours parce que les exams arrivent et aussi pour éviter de payer une extension de visa de 2 mois pour seulement 10 jours coûtant 4800 pesos = 73€, sachant qu’ici le salaire de base est d’environ 100-120€. Ca tombe donc bien d’avoir cette excuse pour pouvoir voyager à l’étranger. Premier voyage en Asie, après les Philippines, sans cadre, sans véritable organisation. C’est plutôt excitant. Je vous raconterai tout ça.



J’espère avoir un petit aperçu d’une autre culture, plus asiatique : il faut savoir que les Philippines avant l’arrivée des espagnols, étaient plutôt coupés du monde, sans vraiment d’échange commerciaux, culturels et de migrations avec les autres pays asiatiques. Le système social et politique était tribal et l’est encore dans certaines régions reculées, si je me rappelle bien de ce que j’ai lu dans un article donné dans mon cours d’Histoire d’Asie, le cours le plus intéressant que j’ai jamais pris (la prof, géniale, rendant ce cours unique et donnant envie d’en apprendre toujours plus, sur l’Asie, mais également sur l’Europe, nos cultures et notre histoire étant grandement interconnectés). Ainsi, la culture Philippine est très différente de toutes les autres cultures et les Philippines ont été plus ou moins rejetés des autres pays asiatiques. Colonisés par les Espagnols, les Anglais et étant sous protectorat américains pendant des dizaines d’années, la culture philippine est très hétéroclite. On peut ressentir toutes ces influences, dans la langue, dans la vie de tous les jours, dans l’architecture, dans l’art… Je vais donc peut être voir, en quelques jours, si la culture Malaisienne est très différente.


La semaine dernière, entre le mardi et le samedi, j’étais sur l’île de Bohol avec Abi, connue pour ses Chocolate Hills (grosses collines en forme de pains de sucre à la couleur brune durant la saison sèche, c'est-à-dire pas maintenant), ses fonds marins magnifiques, et ses plages idylliques de sable blanc et son eau turquoise et ses tarsiers (le plus petit primate au monde).



On se lève donc à 5h du mat’ mardi matin, on prend un taxi direction aéroport domestique à 45 minutes de route (on paye le chauffeur 250pesos, environ 4€) pour apprendre, là bas, que l’avion a 2h de retard. Merci Cebu Pacifique. Finalement, on arrive à Bohol, on prend un tricycle pour rejoindre la Jeepney Station, pour pouvoir aller jusqu’à notre hôtel perdu dans la jungle. La jeepney nous dépose, sois disant pas loin de l’hôtel, mais on a bien du marché 45 minutes sans trop savoir où on allait, sous le soleil et une chaleur de plomb, moi, avec mon gros sac à dos, emportant toujours plein de choses au cas où. On demande notre chemin plusieurs fois et on nous dit à chaque fois, « c’est pas loin c’est tout droit ». On arrive enfin au panneau indiquant l’hôtel, le Nuts Huts. Encore 800m sur un petit chemin de terre. On avait lu dans le guide que c’était perdu au milieu de la jungle. C’était bien vrai, mais tellement bien.



Le Nuts Huts se trouvait au bord d’une rivière avec une eau vert émeraude, à flan de montagne, la jungle, de tout côté. L’hôtel était tenu par un couple pilipino-belge, un hôtel fait de pagodes traditionnelles en bois avec toit en feuilles de palmiers. Des biquettes se promenaient partout. J’ai croisé le matin sur le chemin entre mon bungalow, nommé Orange Mécanique (les bungalows ayant chacun un nom de film connu), et la grosse pagode- salle commune- restaurant, complètement ouverte sur la jungle, une maman varan d’un bon gros mètre 50 et son petit. Aussi, on a voulu allé se baigné près d’une petite chute d’eau mais, quand on est rentré dans l’eau, on a vu un énorme serpent, poisson ou murène apparaître à la surface pour re-sombrer dans l’eau et réapparaître quelques minutes plus tard plusieurs fois ; donc le petit bain dans la rivière, tant pis. Mais le problème, c’est que l’hôtel est sur l’autre rive a quelques centaines de mètre en aval. On marche donc ces quelques centaines de mètres et là, au moment où on se décide à traversé, pas du tout tranquille tout de même, un couple de touristes arrivent sur le ponton de l’hôtel et veulent piquer une tête. On se dit donc, laissons les plonger d’abord, on verra si ils se font bouffer par le monstre du Locqueness. Finalement on prend notre courage à deux mains, on plonge et on traverse mais sans traîner en les prévenant au passage de ce qu’on a aperçu.



Le lendemain, ce fut trek dans la montagne pour rejoindre une énorme grotte à chauve souris de 600 mètres de long environ. Qui dit grotte à chauve souris dit… chauve souris… par milliers, c’est pas très rassurant. Ces petites, ou moins petites s’excitent quand on passe et s’envolent par paquet pour nous passer au raz de la tête. Mais c’était bien marrant et on a vu des araignées-scorpions. Comme son nom l’indique, ce sont des petits insectes mi-araignées, mi-scorpions.
Mais le jour le plus mémorable, ce fut le troisième jour, on a loué une moto pour pouvoir se balader sur toute la partie est de l’île. C’était génial, on est allé voir les Chocolate Hills, impressionnant mais le point de vue est complètement artificiel, aménagé pour les touristes, bourré de touristes et grouillant de gros blancs dégueulasses avec de ravissantes jeunes philippines à leurs bras. On prend quelques photos et on continue notre périple, en s’enfonçant dans la campagne, traversant de petits villages, roulant au milieu de superbes paysages : rizières et champs de blé en train d’être moissonnés, terrasses de riz, montagnes, forêts et palmiers. Le riz, récolté, était posé au bord de la route sur des bâches, pour sécher. Aussi, le long de la route, comme d’habitude, des vendeurs de légumes, de fruits, de meubles… La campagne, semblant plutôt morte à première vue, était en faite très vivante grâce à toutes ces activités.



Le summum est atteint en fin de journée, tout au sud est de l’île : on voulait trouver une belle plage tranquille, on cherche donc au bord de la route. Mais on ne trouve pas d’accès, on commence à s’éloigner de la mer, et l’eau turquoise fait place à la végétation. On trouve alors un long chemin de terre semblant se rapprocher de la mer : 5 minutes de moto plus tard à se faire secouer dans tous les sens et à devoir rouler au pas, on tombe sur une magnifique plage de sable blanc, à l’eau turquoise, entourée de falaises, avec des bateaux et des cahuttes de pêcheurs partout, des dizaines de philippins, petits et grands qui pataugent et s’amusent. La joie est là. Pour nous aussi. On pique une tête, on observe ce magnifique spectacle mais le plaisir fut court. On devait rentrer à l’hôtel qui était à au moins deux heures de routes et il allait faire nuit. On ne traîne pas donc, dommage et on enfourche la moto. Dernière vérification que le phare de la moto marche. On est rassuré, il marche bien, puis on se remet en route. Sur le chemin, on fait une pause et un gros camion benne remplis des philippins qui étaient sur la plage passent devant nous et nous font signe. Conduire, avec la nuit qui tombe, pendant plus de deux heures après une journée entière de moto, même si les paysages étaient magnifiques, a été dur physiquement et mentalement. Au bord de la route, toujours des rizières, des palmiers, l’eau turquoise, les villes qui défilent, les gens partout dans les rues et les places principales, se retournant quand on passe. Que peuvent bien faire un jeune français et une jeune chinoise, ici, à cette heure là... On arrive complètement épuisé, mais avant d’arrivé à l’hôtel, on s’était arrêté acheter un poulet entier chaud avec du riz enroulé dans des feuilles de palmier. On savoure notre repas.



Enfin, dernier jour, on est revenu vers la capitale et on s’est posé sur une presque-île, à côté d’une plage. C’est censée être l’attraction principale du pays avec sa « White Beach », où il est possible de voir des fonds magnifiques mais le typhon passé quelques jours plus tôt avec complètement « siphonné » les fonds. Le soir, on demande à un chauffeur de moto de nous emmener au marché du coin. On achète du poulpe, du poisson local, du riz, une énorme pastèque, des légumes et on se prépare un parfait repas à l’hôtel dans la cuisine commune.
Fin du voyage, retour à Manille, et retour à la réalité de nouveau. Je suis envahit par le boulot, et jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas arrêté. J’ai de la chance de partir de nouveau. Haha, J’ai hâte !

samedi 19 septembre 2009

Une crise qui ne règle pas les problèmes qui l'ont générée, par Daniel Cohen

LE MONDE | 31.08.09 | 14h16 • Mis à jour le 31.08.09 | 14h16

Le 15 septembre 2008, la banque d'affaires Lehman Brothers faisait faillite. Comme terrassée par un infarctus, l'économie mondiale s'effondrait. Même en 1929, la chute avait été moins brutale. Un an a passé. Pour le dire en un mot : les gouvernements "ont fait le job". Le système financier a été sauvé, la chute de la demande a été amortie par les déficits publics. Les bons résultats enregistrés au second trimestre (retour à une croissance positive en France, Allemagne, Japon...) restent certes fragiles : la montée attendue du chômage, l'essoufflement des effets des primes à la casse réservent de mauvaises surprises...

Il semble toutefois acquis que la crise de 1929 ne se répétera pas. Bonne nouvelle donc. Mais mauvaise nouvelle : la crise actuelle n'a rien à voir avec celle de 1929. Elle n'est pas une crise du XXe siècle égarée au XXIe : elle est la première crise de la mondialisation. Et à cette aune, rien n'est réglé des problèmes qui l'ont créée.

Reprenons. La crise actuelle est née de deux ruptures principales. La première date des années 1980 : c'est la révolution financière qui met la Bourse aux commandes des entreprises. Elle y institue un nouveau mode de gestion. Les firmes cessent d'être des organisations au sens où on l'entendait dans les années 1950 et 1960, favorisant les carrières longues et la loyauté des salariés. Elles visent désormais l'efficacité immédiate. Le bonus prend la place de l'ancienneté comme mode de gestion des ressources humaines. Comme l'a magnifiquement montré Maya Beauvallet dans son livre Les Stratégies absurdes (Le Seuil), les impératifs de performance immédiate tendent à cannibaliser tous les autres. Le souci du travail bien fait, la loyauté à l'entreprise disparaissent, seul compte l'objectif fixé, quelles que soient les pathologies qui en résultent...

La mondialisation est la seconde rupture qui a bouleversé le monde. Elle permet aux pays émergents de s'industrialiser, ce qui produit deux effets de sens contraire : baisser le prix des produits industriels et monter le prix des matières premières. Grâce à elle, les gens paient de moins en moins cher leurs écrans plats et leurs iPod, et de plus en plus cher leurs dépenses de base : le chauffage, la nourriture et les déplacements. L'économie mondiale avance en appuyant à la fois sur l'accélérateur et le frein. Les secousses brusques sont devenues inévitables.

Dans les années 1970, la hausse du pétrole avait cassé la croissance, engendrant un mal nouveau : la stagflation. Les salariés avaient réclamé et obtenu des augmentations pour compenser le renchérissement de l'énergie, provoquant une accélération de l'inflation. Dans les années 2000, l'inflation est restée maîtrisée. La baisse des prix industriels et l'érosion du pouvoir de négociation des salariés ont cassé l'inflation salariale. Les excédents pétroliers n'ont pas été laminés par l'inflation, comme dans les années 1970, ils ont erré dans l'économie mondiale à la recherche de placements rémunérateurs.

Sur fond de cette tendance générale, un problème additionnel s'est greffé. C'est celui qui est spécifiquement posé par la Chine, grande exportatrice de produits industriels et consommatrice hors normes de matières premières. Ce pays ajoute un déséquilibre de plus. Inquiet par son absence de protection sociale, son vieillissement attendu, ses salaires insuffisants, le pays épargne beaucoup, presque 50 % de son revenu, générant des excédents commerciaux aberrants. La Chine produit ainsi une espèce de "trou noir". A l'image des pays exportateurs de matières premières, et bien qu'elle en soit importatrice, la Chine fait flotter dans l'économie mondiale des liquidités considérables.

Tel est le cadre dans lequel il faut apprécier la crise des subprimes. Les excédents pétroliers et chinois ont cherché des contreparties. Wall Street les a fournies en inventant, au mépris du long terme, des moyens inédits d'endetter l'Amérique. Il est habituel d'imputer la crise à la politique monétaire trop laxiste menée par Alan Greenspan et aux pousse-au-crime qu'ont constitués les bonus payés à Wall Street. Ces reproches ne sont pas infondés, mais dans les deux cas, la toile de fond est beaucoup plus vaste. Les liquidités abondantes sont la manifestation des nouveaux déséquilibres du monde, et les bonus l'expression d'un nouvel esprit du capitalisme. Toutes choses qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

Que va-t-il advenir, à court terme ? A présent que la bulle du crédit a crevé, les ménages américains vont devoir recommencer à épargner, ce qui signifie que la demande intérieure ne devrait pas repartir rapidement aux Etats-Unis. La crise a fermé une solution bancale, mais sans en offrir de rechange. Dès lors, de deux choses l'une. Soit de nouvelles bulles de crédit prennent le relais de celle qui vient d'éclater (pour l'instant ce sont les déficits publics qui jouent ce rôle), soit la croissance mondiale restera médiocre, faute de débouchés pour absorber les excédents chinois et pétroliers. Dans les deux cas, de nouvelles désillusions se préparent... 1929 a été évitée, mais le poison à l'origine de cette crise-ci continue d'agir.

samedi 5 septembre 2009

Une deux, une deux, une deux et 3. A 4, on tire dans l'tas.

Croupissez machines de guerre,
Des tonne et des tonne de fer,
Entreposées, prêtes a rugir,
Prêtes à rougir
La terre.

Congénère contre con
Génère une rime en on.
Prévert nous l'a pourtant bien dit:
"Quelle connerie,
La guerre."

Sournoiseries nucléaires,
Sous-marins de poche-revolver,
Bonbons napalm, goût chimique,
Panoplies de sapeur-panique.
On n'arrête pas l'imaginaire
Pour se faire sauter la cafetière,
100 fois de quoi s'envoyer en l'air,
De quoi descendre le soleil,
De quoi éteindre
Le ciel.





C'est moi le plus fort nananère.
Quelle pâtée on vous a mise.
Des tonne et des tonne de fer
Dans la chair
Ennemie.

Mais tapez-là, cher confrère.
Vous n'étiez pas mal non plus.
Cette fois c'est la der des der,
Avant la prochaine bien entendu.
Les huiles ainsi s'en vont signant
Des traités aux petits oignons,
Après avoir saigné à blanc,
Se partagent terre et pognon,
Trace des frontières
Bidons.

Secrets de nos piteux états,
L'argent est roi et marche au pas,
Tambourins sous-fifres et tirelires
1, 2, 1, 2, 1, 2 et 3:
À 4 on tire
Dans le tas.

Croupissez machines de guerre
Dans les hangars de la mémoire.
Basta cessons de croiser le fer.
Plus de boucheries plus d'abattoirs.
Maintenant on va baisser le store,
Laisser la connerie au vestiaire.
Ye a plus d'amateurs pour ce sport,
Plus personne sous les bannières.
Pourquoi pas la belle utopie?
Faites un bilan, professionnels,
Une reconversion réussie.
Faites-vous la paire, faites-vous la belle.
Engagez-vous dans le parti
Qui déclare la guerre à la guerre.
Sortez-vous le nez du kaki.
Il y a des tonnes de choses à faire,
Avec vote matas et vote génie,
Pour remettre en état la Terre.
Rangez tous vos affreux joujoux,
Faites tourner le calumet,
Et foutez-nous
La paix.


La Guerre - La Tordue

jeudi 3 septembre 2009

Les policiers municipaux privés de pistolet Taser

Le Conseil d'Etat a annulé, mercredi 2 septembre, le décret du ministère de l'intérieur de septembre 2008 autorisant le pistolet à impulsions électriques Taser pour les policiers municipaux, sans cependant remettre en cause le principe même de l'emploi de cette arme.

L'association Raidh (Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'homme), qui mène campagne pour une régulation de l'usage des pistolets à impulsions électriques, avait saisi en septembre 2008 le Conseil d'Etat pour interdire l'utilisation du Taser par les policiers municipaux. Une utilisation autorisée par décret par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'intérieur. Dans un communiqué, Amnesty International France (AIF) s'est également félicité de l'annulation du décret et "note avec satisfaction que le Conseil d'Etat précise qu'il ressort des pièces du dossier que 'l'emploi du PIE (pistolets à impulsion électrique) comporte des dangers sérieux pour la santé [et] que ces dangers sont susceptibles de provoquer directement ou indirectement la mort'". Selon l'association RAIDH, 11 communes ont équipé leur policiers municipaux de Taser tandis que l'importateur du Taser chiffre le nombre de villes concernées à "moins d'une cinquantaine."

La suspension ne devrait être que temporaire, le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux a aussitôt annoncé qu'un "nouveau décret" sera rédigé. Il a également souligné que, sur le principe, l'emploi du pistolet à impulsions électriques n'était pas remis en cause par la plus haute juridiction administrative. Par ailleurs, le Conseil d'Etat a jugé suffisantes les garanties juridiques encadrant l'usage du Taser par la police nationale, à la différence de celles prévues pour les policiers municipaux.

Pour le Conseil d'Etat, le décret du ministère de l'intérieur de septembre 2008 autorisant le Taser pour la police municipale "méconnaît les principes d'absolue nécessité et de proportionnalité dans la mise en œuvre de la force publique". Raisons avancées par l'institution : aucune précision n'est apportée dans le décret concernant "les précautions d'emploi de l'arme, les modalités d'une formation adaptée à son emploi et la mise en place d'une procédure d'évaluation et de contrôle périodique nécessaire à l'appréciation des conditions effectives de son utilisation par les agents de police municipale".

Dans les faits, un module de douze heures sur l'usage du Taser est prévu pour chaque agent dans un arrêté d'octobre 2008. Mais le rapporteur public considère dans ses conclusions que la formation devrait faire l'objet d'un texte réglementaire spécifique et non relever de la seule autorité du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). De son côté, le Syndicat national des policiers municipaux (SNPM, majoritaire) s'est dit "très mécontent" d'une décision qui laisse penser que les agents municipaux sont des "sous-policiers".

LEMONDE.FR avec AFP | 02.09.09

mardi 1 septembre 2009

Demain c'est loin.

Une gamine qui est là du matin au soir sur le pont qui permet aux piétons de traverser Katipunan Avenue. De l'autre côté, c'est mon université. Elle, elle reste sur le pont à tendre la main, parfois souriante, parfois suppliante. Elle joue à la marelle, seule, aux billes, seule ; elle fredonne, chante, seule. Elle sautille, elle danse. Quoi faire ? Lui donner de l'argent ? Elle le ramènera à ses parents qui ne feront peut être rien pour elle et qui lui demanderont de revenir le lendemain matin. Lui donner du riz, des légumes, de la viande ? Idem, ce sera sous doute utilisé essentiellement par ses parents. Il reste alors la junk food. En bas des marches, Starbuck Coffee, Mac Donald, Jollibee (Mac donald local), superette. Alors, parfois des gens donnent un hamburger, un snack... Quand la nuit tombe, elle ne rentre pas chez elle. Elle reste dans la rue, à mendier, toujours, devant le Mac Donald ou ailleurs. Il est 1h du matin. Elle est toujours là, elle continue à sourire, à jouer avec elle même, à ranger les tables, les ordures et les chaises de Mc Do en espérant avoir une pièce de la part des employés. Elle fait tout cela, comme si c'était normal, entre deux passants ; alors, elle retrouve son regard qui n'est même plus empli de pitié, de tristesse. C'est plutôt de l'abdication, de la résignation. Elle tend la main, parfois, te lance un regard mais sans y croire, elle n'attend rien.





Ces scènes, on peut les voir dans tous les pays du monde, en France également. Mais de passer devant cette gamine chaque matin, chaque soir, de la voir à 1h du matin devant Mc Do, de se demander où elle peut vivre, ce qu'elle a pu vivre certains soirs, entre viols, violences, prostitution, mendicité... Je n'en sais rien. Mais c'est possible. De la voir chaque jour, cette fille, qui doit avoir dans les 12-13ans mais qui dégage un sentiment de vieillesse de part sa vie, ça révolte.



Qu'est ce que tu veux faire alors, aller lui parler, elle parle sûrement pas anglais, elle a pas dû aller bien longtemps à l'école, et puis de toute façon pour lui dire quoi... Qu'est ce que tu peux bien lui dire, toi qui a le cul posé sur ta chaise toute la journée à étudier, à glander dans ta maison, à surfer sur internet, à manger, à bavarder avec tes potes, à boire, à faire la fête... Lui parler ? Juste lui parler de tout et n'importe quoi, peut être qu'elle se la ferait plaisir que quelqun s'intéresse à elle ? Lui donner à manger ? Oui, mais il faudra lui redonner le lendemain. Lui donner de l'argent ? Est ce que c'est dans son intérêt et il faudra lui redonner le lendemain. Lui dire de rentrer chez elle ? Et si elle avait pas de chez elle, si elle se faisait frapper parce qu'elle avait pas ramené assez d'argent à ses parents. Alors... Quoi faire ? Fermer les yeux matin et soir, faire non de la tête matin et soir quand elle te tend la main ?





Ce n'est pas possible de sauver le monde, mais est ce que c'est possible d'aider une seule personne dans ce cas là malgré la barrière de la langue, malgré la différence culturelle, malgré le fossé identitaire gigantesque...