mardi 13 octobre 2009

Aide Tatalon



J'ai fait ce diaporama pour résumer nos actions de la semaine dernière. Les photos ne sont pas seulement de moi.

jeudi 8 octobre 2009

Entre Espoir et Désespoir.

Mardi 13 octobre 2009, Manille, Philippines


La situation évolue à Tatalon. Nos opérations de court terme touchent à leur fin. Une grande joie d'avoir réussi à faire tout cela. Un grand soulagement d'avoir pu aider ces hommes, ces femmes et ces enfants dans un besoin urgent de nourriture, d'eau, de médicaments et de conditions sanitaires décentes . Cela tient au miracle. Nous avons obtenu environ 20 OOO€ et avons dépensé environ 6 OOO€. Le solde va être utilisé pour annuler les dettes des membres d'ICDC, ayant contracté des prêts auprès des membres de Babyloan, qu'ils ne peuvent pas rembourser. ICDC a besoin de 1,8 million de pesos, environ 27 OOO€ pour relancer l'activité auprès de 900 familles (2 000 pesos par famille).



Le nettoyage de la zone est en cours, cela avait débuté mardi dernier. Le nettoyage a duré toute la journée et a été efficace. Même avec des camions poubelles, même avec une pelleteuse, même avec 50 volontaires de la Croix Rouge Philippine et du quartier et même 100 policiers de la ville, la tâche est énorme et seulement une rue a été nettoyée. Pas de nettoyage mercredi et jeudi car la Croix Rouge ne pouvait nous fournir les camions poubelles. On continue finalement vendredi, samedi et lundi sans camion, en remplissant des sacs de riz de 50kg pour que le jour (un jour peut être) où les camions poubelles passent, ils n'aient juste qu'à prendre les sacs et le bois mis en tas. 17 volontaires de la Croix Rouge sont venus vendredi avec un renfort d'une vingtaine d'enfants et de femmes de la rue, les hommes contemplant le travail. Samedi et lundi, la Croix Rouge nous ont laissé tomber et on a donc pu compté seulement sur 2 volontaires d'ICDC, une dizaine d'enfants, quelques femmes et 2-3 hommes. Enfin, aujourd'hui, mardi, 20 volontaires de la Croix Rouge devaient venir mais seulement 8 ont finalement pointé leur nez.


Un grave accident arriva mardi dernier avec un des camions poubelles. Un volontaire de Tatalon est mort suite à une hémorragie, écrasé par un battant de la benne du camion poubelle. Cette mort nous a profondément affecté. Notre rêve se transforme en cauchemar. A-t-on assez établi de normes de sécurité ? Que peut-on faire suite à ça ? On voulait aider les gens et on en tue. On voulait arrêter le travail pour un temps en hommage et organiser quelque chose en sa mémoire. Mais en même temps, on voulait continuer le nettoyage de la zone, les tas d'ordures s'agrandissant de jour en jour et les maladies se propageant très rapidement dans le quartier. Les Philippins quant à eux ont improvisé une messe juste après l'accident, et ont continué le travail. La culture autour de la mort est complètement différente. Je pense que la forte importance de la religion y est pour quelque chose, la culture du pays également.

Cet homme avait 29 ans.Il part, sa femme reste, avec 2 enfants, un bébé de 3 mois et une fille de 3 ans. Elle a également perdu son commerce suite aux inondations. Vendredi soir, durant la distribution de la nourriture et d'eau, sa mère faisait parti des personnes les plus pauvres, autorisées à recevoir notre aide alimentaire. La misère au sein de la misère. Profond désespoir pour cette famille. Profond malaise pour nous.


Aussi, à la suite du typhon et des maladies qui se propagent, 4 enfants sont morts de la diarrhée et un de la Dengue, sans qu'on ait pu intervenir. On arrive trop tard pour eux. On fait ainsi tout notre possible pour aider ceux encore en vie: On a démarré notre distribution de nourriture et d'eau jeudi dernier: 400 familles d'environ 7 personnes approvisionnées pour 3 jours. On a également démarré notre action médicale jeudi dernier. On a réussi à faire venir 5 docteurs et 4 infirmières pour des consultations et des médicaments gratuits pour les grands cas d'urgence et les enfants de 0 à 5 ans ; 85 enfants pris en charge. Vendredi, nouvelle action médicale, 4 docteurs et 5 infirmières. Environ 115 personnes de tout âge repartant avec un diagnostique et des médicaments. Aujourd'hui; un seul docteur de la croix rouge et 7 infirmiers et infirmières volontaires. 120 patients traités. Des cas de grande fièvre, jusqu'à 40°, des diarrhées, la tuberculose, toux, rhum, grosses coupures, infections, gangrène...



Vendredi matin, une gamine de 2ans arrive dans notre centre médicale avec une vilaine blessure à la tempe ; elle a joué avec un couteau, est tombée et se l'est enfoncé, un peu, dans la tête. Les médecins l'ont pris en charge mais des éclats de métal du couteau étaient toujours coincés dedans. Elle est donc repartie avec ces parents, tout simplement, avec des bouts de couteau dans la tempe. Normal. Pas d'argent, pas d'hôpital. On a ensuite pensé lui payer l'hôpital et on a donc demandé à Ate Zény, la "chef" d'ICDC de voir si c'était possible mais il n'y a toujours pas de suite à cela.




Ce projet, m'apparaissant fou au départ mais la révolte et la volonté d'aider des personnes dans un grand besoin m'ayant fait foncer, m'a permi de ressentir des sentiments jusqu'alors jamais ressentis aussi forts et aussi entremêlés. Chaque jour, des apprentissages, des découvertes, des rencontres. Entre rage, tristesse, dégoût, dépit et désespoir et curiosité, joie, rires, sourires et espoir. J'ai ressenti tout cela, je le ressens encore. J'ai pu le partager avec mes amis d'ici et avec les enfants, les hommes et les femmes que j'ai rencontré, dans les rues, dans les squats, sur les tas d'ordures, dans la boue, dans le riz pourri, dans l'attente d'un médecin où dans l'attente de nourriture et d'eau.



Vie et Mort s'entremêlent. Espoir et Désespoir s'entremêlent, et moi, avec toute mon innocence, je me retrouve au milieu, spectateur, dépassé par des forces externes et des pouvoirs tout puissants dominés par la soif d'argent et d'un pouvoir plus grand.

lundi 5 octobre 2009

Prêts à passer à l'action !

Pas le temps d'écrire un réel message. Pour l'évolution de notre projet, voici le résumé :

c'est fou : c'est bon on a dépassé les dons du gouvernement français (10 000€) ! On a 10 600€. Continuez à nous soutenir donc et faites passer le message à vos proches et amis ! On manque toujours cruellement d'argent pour toucher un maximum de personnes. On est obligé de limiter chaque aide et se focaliser sur des zones très précises du quartier. Chaque peso compte et les sommes investies nous paraissent astronomiques.

Nos actions sont enfin prêtes à l'action, on commence demain le nettoyage du quartier, et mercredi la distribution de nourriture, d'eau et les consultations médicales. On a un espèce de quartier général avec une pièce pour stocker tout, et un grand jardin avec un espace couvert où l'on va faire la distribution et les consultations.

On a le soutien de la Croix Rouge qui peuvent nous passer jusque 100 camions poubelle du gouvernement, et jusque 10 médecins gratuitement. On commence donc à avoir un réel poids et une possibilité d'important impact sur le quartier.

Les derniers jours qui étaient très incertains font place à une remotivation générale.

Mais, on doit agir vite, très vite... 2 enfants sont morts de la diarrhée ce matin dans un des squats du bidonville (là où on a vu un vieux en train d'agoniser et rencontré une mère qui à ses 2 enfants de 9 et 19 ans disparus).

Gardons espoir. On est pas loin de réaliser quelque chose de grand grâce au soutien de chacun. Des vies sont réellement à sauver. Ne les laissons pas tomber.

Le lien pour les dons est toujours le suivant: http://www.entrepreneursdumonde.org/urgence
et notre site web : http://sites.google.com/site/aidetatalon/home

vendredi 2 octobre 2009

Urgent - envoyez vos dons

Avec 14 autres étudiants, nous avons décidé de nous mobiliser pour organiser une aide d'urgence aux victimes des typhons, dans un quartier pauvre de Manille, Tatalon.

Le lien pour les dons en ligne via le site web de l'ONG française : Entrepreneurs du Monde

Nous sommes en partenariat avec Inner City Development Cooperative (Inner City), une association de microfinance implanté dans ce quartier depuis des années. Violaine, une des membres de notre groupe, effectue un stage dans cette association depuis que nous sommes arrivés aux Philippines, c'est à dire depuis environ 4 mois. Cette association est le poumon économique de Tatalon, comptant 30 000 habitants, puisqu'il accorde des microcrédits à 1900 membres actifs pour créer et développer leur propre entreprise. Sans cette association, c'est toute l'économie interne au quartier qui s'effondre et la pauvreté, déjà présente auparavant, s'accentuera dramatiquement.

Notre site web : Aidetatalon


Notre objectif

Notre aide s’articule de la manière suivante :

· Sur le court-terme, il s’agit de fournir rapidement les habitants en riz, eau potable, vêtements et médicaments.

· Sur le moyen terme, nous souhaitons financer la location de pelleteuses et de camions afin de déblayer les de gravats qui bloquent les rues et qui risquent d’engendrer une crise sanitaire dans les prochains jours (fièvre typhoïde, choléra, malaria, etc.)

· Sur le long terme, nous envisageons de relancer l’activité de microcrédit préexistante afin de permettre aux habitants de reprendre une activité professionnelle (plus de 3000 micro-entrepreneurs ont perdu leur activité lors des inondations).


Comment allons-nous procéder sur le terrain?
  • Pour l'action de court et moyen terme
L'argent qui sera collecté via Entrepreneurs du Monde est versé sur un compte en banque que vient d'ouvrir ICDC. Notre groupe de 15 volontaires s'est organisé en plusieurs équipes, chacune étant chargée d'un domaine: nourriture et eau, expertise pour connaître les besoins, santé, communication et nettoyage des rues. Nous allons aider ICDC à fournir cette aide d'urgence pour les 3 semaines à venir. Un rapport sera rendu aux alentours du 17 octobre sur l'utilisation de l'aide.
  • Pour l'action de long-terme
Le but de cette action n'est pas d'assister la communauté de Tatalon mais simplement de lui donner un coup de pouce pour se relancer après la catastrophe. Nous souhaitons donc qu'ICDC puisse reprendre son activité car c'est la seule association à Tatalon qui agit de manière efficace et à long-terme. Une fois l'action de court-terme terminée, ICDC gérera seule les fond restant (sous la surveillance des associations francaises et de nous-mêmes, impliqués dans cette action).

dans le bidonville de Tatalon

Dans le quartier de Tatalon, dans la métropole de Manille, le feu s’est ajouté aux inondations. Suite au typhon Ketsana (Ondoy en Filipino), « l’eau est montée jusqu’à 3 mètres de hauteur», nous révèle un des habitants, « les gens se réfugiaient sur les toits». La majorité des habitants de ce bidonville s’entassent dans des maisons à deux étages, en bois, taule et ciment pour les plus riches. 95% des habitations ont été touchées. L’inondation a détruit l’essentiel de leurs biens et ils ne leur reste plus d’argent. Ils manquent cruellement d’eau, de nourriture et de soins. L’eau souillée stagnante, les détritus, les débris calcinés s’accumulent, sans réelle aide du gouvernement. En effet, celui-ci n’a pas les moyens d’aider les 1,94 millions de sinistrés (92 millions d’habitants aux Philippines). Les associations se focalisent sur d’autres quartiers de Manille ayant été plus durement touchés), notamment par des coulées de boue.



Cependant à Tatalon, 546 habitations ont brûlé suite à un incendie dû à la chute des fils électriques. « Les fils électriques sont mis n’importe comment et ne sont pas à une hauteur suffisante. Quand le vent souffle, ils touchent même les maisons », nous explique Grace, membre d’Inner City Development Cooperative (ICDC), une association aidant les familles pauvres et les petites entreprises du village en leur accordant des microcrédits. Le responsable du quartier nous fait rentrer dans sa maison, la seule qui n’a pas été touchée par les flammes. La vue du troisième étage, le spectacle est terrible : Les maisons aux alentours sont entièrement calcinées, il ne reste plus que des murs, en ciment, noircis par les flammes, à moitié détruits. Chris, le propriétaire de la maison, nous raconte : « En plus de la montée des eaux, tous les bâtiments étaient en flamme sauf le grand hangar où les habitants se sont refugiés sur le toit. Deux enfants sont tombés du toit. Ils sont morts électrocutés ».



En poursuivant notre marche dans ce quartier profondément traumatisé, nous voyons un vieil homme allongé dans les bras de ses enfants, une sonde respiratoire dans le nez, ses yeux exorbités nous fixent, ses mains se raidissent et serrent le bras d’un de ses fils. « On n’a pas d’argent pour consulter un médecin de quartier, ni pour payer l’hôpital ». Ils le rentrent dans leur habitation en taule et bois.

Les témoignages poignants continuent. Au fond d’une allée, une mère, au visage fermé, impassible, nous dit qu’elle a perdu deux de ses cinq fils, 9 ans et 19 ans. Ils sont toujours portés disparus. N’ayant plus du tout d’argent, l’ICDC lui donne 500 pesos (7,50€) pour qu’elle se rende au centre de collecte des corps. Elle n’a pas retrouvé ses deux fils. D’autres résidents, habitant près de la rivière Pasig, nous racontent : «Des personnes se faisaient emporter par le courant. Nous sommes restés impuissants ».



Cependant, à Tatalon , la mort s’est entremêlée à la vie : une jeune femme a accouché, durant le passage du typhon, au second étage de sa maison alors que le rez-de-chaussée était inondée. Sa grand-mère nous raconte : « Il y avait ni médecin, ni sage femme. Nous avons fait accoucher ma petite-fille sur la table et coupé le cordon ombilical. L’accouchement s’est bien passé mais elle n’a pu voir un médecin seulement deux jours après. Le bébé va bien ».


jeudi 1 octobre 2009

Et il y a ceux qui crèvent en silence

La situation est catastrophique aux Philippines. Le typhon Ketsana (Ondoy en Filipino) a fait d'énormes dégâts et deux autres arrivent et vont aggraver considérablement la situation. Je n'ai pas le temps d'écrire un article. Ces derniers jours, j'ai été un peu débordé et bouleversé par les choses que j'ai vu et entendu. Nous sommes en train de monter un projet d'aide humanitaire d'urgence. Je vous tiens au courant. D'ici demain, on a notre projet bouclé et je pourrai vous présenter de manière complète ce qu'il se passe et ce qu'on veut faire. Si vous voulez plus d'infos sur la situation aux Philippines, allez sur le site du monde.fr et tapez "Philippines" dans la rubrique recherches.




En attendant, vous pouvez aller voir les photos du bidonville où on a pu aller rencontrer les gens, grâce à une association locale de microfinance qui nous à accompagné.

Mon site est toujours le même : http://www.flickr.com/photos/edern_le_bris/

mercredi 23 septembre 2009

De Bohol à la Malaisie

Demain, la Malaisie. Nouvelle aventure, avec une amie française, Violaine, et une Japonaise, Aya. Au programme, trek dans la jungle, repos sur des îles. Repos veut dire plongée (masque, tuba et palmes pour moi parce que je ne suis pas très confiant pour la plongée avec bouteilles), bronzette, baignade dans une eau, bleue turquoise, à plus de 24-25°, balades aux alentours et dans les villages… Premier voyage donc, en dehors des Philippines, seulement pour quelques jours parce que les exams arrivent et aussi pour éviter de payer une extension de visa de 2 mois pour seulement 10 jours coûtant 4800 pesos = 73€, sachant qu’ici le salaire de base est d’environ 100-120€. Ca tombe donc bien d’avoir cette excuse pour pouvoir voyager à l’étranger. Premier voyage en Asie, après les Philippines, sans cadre, sans véritable organisation. C’est plutôt excitant. Je vous raconterai tout ça.



J’espère avoir un petit aperçu d’une autre culture, plus asiatique : il faut savoir que les Philippines avant l’arrivée des espagnols, étaient plutôt coupés du monde, sans vraiment d’échange commerciaux, culturels et de migrations avec les autres pays asiatiques. Le système social et politique était tribal et l’est encore dans certaines régions reculées, si je me rappelle bien de ce que j’ai lu dans un article donné dans mon cours d’Histoire d’Asie, le cours le plus intéressant que j’ai jamais pris (la prof, géniale, rendant ce cours unique et donnant envie d’en apprendre toujours plus, sur l’Asie, mais également sur l’Europe, nos cultures et notre histoire étant grandement interconnectés). Ainsi, la culture Philippine est très différente de toutes les autres cultures et les Philippines ont été plus ou moins rejetés des autres pays asiatiques. Colonisés par les Espagnols, les Anglais et étant sous protectorat américains pendant des dizaines d’années, la culture philippine est très hétéroclite. On peut ressentir toutes ces influences, dans la langue, dans la vie de tous les jours, dans l’architecture, dans l’art… Je vais donc peut être voir, en quelques jours, si la culture Malaisienne est très différente.


La semaine dernière, entre le mardi et le samedi, j’étais sur l’île de Bohol avec Abi, connue pour ses Chocolate Hills (grosses collines en forme de pains de sucre à la couleur brune durant la saison sèche, c'est-à-dire pas maintenant), ses fonds marins magnifiques, et ses plages idylliques de sable blanc et son eau turquoise et ses tarsiers (le plus petit primate au monde).



On se lève donc à 5h du mat’ mardi matin, on prend un taxi direction aéroport domestique à 45 minutes de route (on paye le chauffeur 250pesos, environ 4€) pour apprendre, là bas, que l’avion a 2h de retard. Merci Cebu Pacifique. Finalement, on arrive à Bohol, on prend un tricycle pour rejoindre la Jeepney Station, pour pouvoir aller jusqu’à notre hôtel perdu dans la jungle. La jeepney nous dépose, sois disant pas loin de l’hôtel, mais on a bien du marché 45 minutes sans trop savoir où on allait, sous le soleil et une chaleur de plomb, moi, avec mon gros sac à dos, emportant toujours plein de choses au cas où. On demande notre chemin plusieurs fois et on nous dit à chaque fois, « c’est pas loin c’est tout droit ». On arrive enfin au panneau indiquant l’hôtel, le Nuts Huts. Encore 800m sur un petit chemin de terre. On avait lu dans le guide que c’était perdu au milieu de la jungle. C’était bien vrai, mais tellement bien.



Le Nuts Huts se trouvait au bord d’une rivière avec une eau vert émeraude, à flan de montagne, la jungle, de tout côté. L’hôtel était tenu par un couple pilipino-belge, un hôtel fait de pagodes traditionnelles en bois avec toit en feuilles de palmiers. Des biquettes se promenaient partout. J’ai croisé le matin sur le chemin entre mon bungalow, nommé Orange Mécanique (les bungalows ayant chacun un nom de film connu), et la grosse pagode- salle commune- restaurant, complètement ouverte sur la jungle, une maman varan d’un bon gros mètre 50 et son petit. Aussi, on a voulu allé se baigné près d’une petite chute d’eau mais, quand on est rentré dans l’eau, on a vu un énorme serpent, poisson ou murène apparaître à la surface pour re-sombrer dans l’eau et réapparaître quelques minutes plus tard plusieurs fois ; donc le petit bain dans la rivière, tant pis. Mais le problème, c’est que l’hôtel est sur l’autre rive a quelques centaines de mètre en aval. On marche donc ces quelques centaines de mètres et là, au moment où on se décide à traversé, pas du tout tranquille tout de même, un couple de touristes arrivent sur le ponton de l’hôtel et veulent piquer une tête. On se dit donc, laissons les plonger d’abord, on verra si ils se font bouffer par le monstre du Locqueness. Finalement on prend notre courage à deux mains, on plonge et on traverse mais sans traîner en les prévenant au passage de ce qu’on a aperçu.



Le lendemain, ce fut trek dans la montagne pour rejoindre une énorme grotte à chauve souris de 600 mètres de long environ. Qui dit grotte à chauve souris dit… chauve souris… par milliers, c’est pas très rassurant. Ces petites, ou moins petites s’excitent quand on passe et s’envolent par paquet pour nous passer au raz de la tête. Mais c’était bien marrant et on a vu des araignées-scorpions. Comme son nom l’indique, ce sont des petits insectes mi-araignées, mi-scorpions.
Mais le jour le plus mémorable, ce fut le troisième jour, on a loué une moto pour pouvoir se balader sur toute la partie est de l’île. C’était génial, on est allé voir les Chocolate Hills, impressionnant mais le point de vue est complètement artificiel, aménagé pour les touristes, bourré de touristes et grouillant de gros blancs dégueulasses avec de ravissantes jeunes philippines à leurs bras. On prend quelques photos et on continue notre périple, en s’enfonçant dans la campagne, traversant de petits villages, roulant au milieu de superbes paysages : rizières et champs de blé en train d’être moissonnés, terrasses de riz, montagnes, forêts et palmiers. Le riz, récolté, était posé au bord de la route sur des bâches, pour sécher. Aussi, le long de la route, comme d’habitude, des vendeurs de légumes, de fruits, de meubles… La campagne, semblant plutôt morte à première vue, était en faite très vivante grâce à toutes ces activités.



Le summum est atteint en fin de journée, tout au sud est de l’île : on voulait trouver une belle plage tranquille, on cherche donc au bord de la route. Mais on ne trouve pas d’accès, on commence à s’éloigner de la mer, et l’eau turquoise fait place à la végétation. On trouve alors un long chemin de terre semblant se rapprocher de la mer : 5 minutes de moto plus tard à se faire secouer dans tous les sens et à devoir rouler au pas, on tombe sur une magnifique plage de sable blanc, à l’eau turquoise, entourée de falaises, avec des bateaux et des cahuttes de pêcheurs partout, des dizaines de philippins, petits et grands qui pataugent et s’amusent. La joie est là. Pour nous aussi. On pique une tête, on observe ce magnifique spectacle mais le plaisir fut court. On devait rentrer à l’hôtel qui était à au moins deux heures de routes et il allait faire nuit. On ne traîne pas donc, dommage et on enfourche la moto. Dernière vérification que le phare de la moto marche. On est rassuré, il marche bien, puis on se remet en route. Sur le chemin, on fait une pause et un gros camion benne remplis des philippins qui étaient sur la plage passent devant nous et nous font signe. Conduire, avec la nuit qui tombe, pendant plus de deux heures après une journée entière de moto, même si les paysages étaient magnifiques, a été dur physiquement et mentalement. Au bord de la route, toujours des rizières, des palmiers, l’eau turquoise, les villes qui défilent, les gens partout dans les rues et les places principales, se retournant quand on passe. Que peuvent bien faire un jeune français et une jeune chinoise, ici, à cette heure là... On arrive complètement épuisé, mais avant d’arrivé à l’hôtel, on s’était arrêté acheter un poulet entier chaud avec du riz enroulé dans des feuilles de palmier. On savoure notre repas.



Enfin, dernier jour, on est revenu vers la capitale et on s’est posé sur une presque-île, à côté d’une plage. C’est censée être l’attraction principale du pays avec sa « White Beach », où il est possible de voir des fonds magnifiques mais le typhon passé quelques jours plus tôt avec complètement « siphonné » les fonds. Le soir, on demande à un chauffeur de moto de nous emmener au marché du coin. On achète du poulpe, du poisson local, du riz, une énorme pastèque, des légumes et on se prépare un parfait repas à l’hôtel dans la cuisine commune.
Fin du voyage, retour à Manille, et retour à la réalité de nouveau. Je suis envahit par le boulot, et jusqu’à aujourd’hui je n’ai pas arrêté. J’ai de la chance de partir de nouveau. Haha, J’ai hâte !

samedi 19 septembre 2009

Une crise qui ne règle pas les problèmes qui l'ont générée, par Daniel Cohen

LE MONDE | 31.08.09 | 14h16 • Mis à jour le 31.08.09 | 14h16

Le 15 septembre 2008, la banque d'affaires Lehman Brothers faisait faillite. Comme terrassée par un infarctus, l'économie mondiale s'effondrait. Même en 1929, la chute avait été moins brutale. Un an a passé. Pour le dire en un mot : les gouvernements "ont fait le job". Le système financier a été sauvé, la chute de la demande a été amortie par les déficits publics. Les bons résultats enregistrés au second trimestre (retour à une croissance positive en France, Allemagne, Japon...) restent certes fragiles : la montée attendue du chômage, l'essoufflement des effets des primes à la casse réservent de mauvaises surprises...

Il semble toutefois acquis que la crise de 1929 ne se répétera pas. Bonne nouvelle donc. Mais mauvaise nouvelle : la crise actuelle n'a rien à voir avec celle de 1929. Elle n'est pas une crise du XXe siècle égarée au XXIe : elle est la première crise de la mondialisation. Et à cette aune, rien n'est réglé des problèmes qui l'ont créée.

Reprenons. La crise actuelle est née de deux ruptures principales. La première date des années 1980 : c'est la révolution financière qui met la Bourse aux commandes des entreprises. Elle y institue un nouveau mode de gestion. Les firmes cessent d'être des organisations au sens où on l'entendait dans les années 1950 et 1960, favorisant les carrières longues et la loyauté des salariés. Elles visent désormais l'efficacité immédiate. Le bonus prend la place de l'ancienneté comme mode de gestion des ressources humaines. Comme l'a magnifiquement montré Maya Beauvallet dans son livre Les Stratégies absurdes (Le Seuil), les impératifs de performance immédiate tendent à cannibaliser tous les autres. Le souci du travail bien fait, la loyauté à l'entreprise disparaissent, seul compte l'objectif fixé, quelles que soient les pathologies qui en résultent...

La mondialisation est la seconde rupture qui a bouleversé le monde. Elle permet aux pays émergents de s'industrialiser, ce qui produit deux effets de sens contraire : baisser le prix des produits industriels et monter le prix des matières premières. Grâce à elle, les gens paient de moins en moins cher leurs écrans plats et leurs iPod, et de plus en plus cher leurs dépenses de base : le chauffage, la nourriture et les déplacements. L'économie mondiale avance en appuyant à la fois sur l'accélérateur et le frein. Les secousses brusques sont devenues inévitables.

Dans les années 1970, la hausse du pétrole avait cassé la croissance, engendrant un mal nouveau : la stagflation. Les salariés avaient réclamé et obtenu des augmentations pour compenser le renchérissement de l'énergie, provoquant une accélération de l'inflation. Dans les années 2000, l'inflation est restée maîtrisée. La baisse des prix industriels et l'érosion du pouvoir de négociation des salariés ont cassé l'inflation salariale. Les excédents pétroliers n'ont pas été laminés par l'inflation, comme dans les années 1970, ils ont erré dans l'économie mondiale à la recherche de placements rémunérateurs.

Sur fond de cette tendance générale, un problème additionnel s'est greffé. C'est celui qui est spécifiquement posé par la Chine, grande exportatrice de produits industriels et consommatrice hors normes de matières premières. Ce pays ajoute un déséquilibre de plus. Inquiet par son absence de protection sociale, son vieillissement attendu, ses salaires insuffisants, le pays épargne beaucoup, presque 50 % de son revenu, générant des excédents commerciaux aberrants. La Chine produit ainsi une espèce de "trou noir". A l'image des pays exportateurs de matières premières, et bien qu'elle en soit importatrice, la Chine fait flotter dans l'économie mondiale des liquidités considérables.

Tel est le cadre dans lequel il faut apprécier la crise des subprimes. Les excédents pétroliers et chinois ont cherché des contreparties. Wall Street les a fournies en inventant, au mépris du long terme, des moyens inédits d'endetter l'Amérique. Il est habituel d'imputer la crise à la politique monétaire trop laxiste menée par Alan Greenspan et aux pousse-au-crime qu'ont constitués les bonus payés à Wall Street. Ces reproches ne sont pas infondés, mais dans les deux cas, la toile de fond est beaucoup plus vaste. Les liquidités abondantes sont la manifestation des nouveaux déséquilibres du monde, et les bonus l'expression d'un nouvel esprit du capitalisme. Toutes choses qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain.

Que va-t-il advenir, à court terme ? A présent que la bulle du crédit a crevé, les ménages américains vont devoir recommencer à épargner, ce qui signifie que la demande intérieure ne devrait pas repartir rapidement aux Etats-Unis. La crise a fermé une solution bancale, mais sans en offrir de rechange. Dès lors, de deux choses l'une. Soit de nouvelles bulles de crédit prennent le relais de celle qui vient d'éclater (pour l'instant ce sont les déficits publics qui jouent ce rôle), soit la croissance mondiale restera médiocre, faute de débouchés pour absorber les excédents chinois et pétroliers. Dans les deux cas, de nouvelles désillusions se préparent... 1929 a été évitée, mais le poison à l'origine de cette crise-ci continue d'agir.