Il est 9h30. Je suis sur le ferry, à Puerto Princesa, en partance pour Manille. Nous attendons que le Super Ferry quitte le port. Je me promène alors sur cet énorme bateau, ce village philippin flottant: les caisses de marchandises s'entassent entre mandarines, appareils électroménagers et vêtements. Les coqs enfermés dans leur petite caisse en carton troué chantent à toute heure et non seulement à 6h du matin, les philippins chantent également matin, midi et soir.... surtout le soir, dans le karaoké servant accessoirement de restaurant-cantine pour les 32h de trajet à venir; des vendeurs passent entre les lits-couchettes et crient "café, Milo(chocolat à boire), iced tea, youhouuuu !" à partir de 6h15 du matin. Les gamins courent partout et tuent le temps en jouant à s'attraper ou à se battre. Les gens discutent, se promènent, chantent, vont prendre le soleil sur le pont à l'avnt du bateau. L'ambiance est unique. Même si les dernières heures s'étirent, le voyage était empli de vie, les paysages côtiers sont magnifiques, et la lumière du matin et du soir n'ont pas leur pareil.
De mon côté, je tue le temps à lire, me promener, profiter de la vue, me reposer, prendre des photos et écouter de la musique. Mais alors que j'attends le départ du ferry et que je me promène sur le pont, j'aperçois un amoncellement de pirogues en contrebas. Je trouve ça beau, alors je prends des photos. Et même si je comprends ce qu’il se passe, je continue à prendre des photos…
Mais au bout d’un moment, je réalise réellement ce qu’il se passe et j'ai honte,d’avoir pris ces photos sans réel recul, sans émotion. Ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces bébés sur ces bangkas , ils mendient. Et les philippins, assistant à cette scène, leur lancent des pièces, comme durant un spectacle de rue. Ils plongent de leur bateau dans l’eau pour attraper la pièce, remontent à la surface puis se remettent à crier, à supplier les passagers du ferry d'en lancer d'autres. Et certains continuent comme si c'était un jeux. C'est comme si ces mendiants n'étaient même plus des hommes. Quel dégoût envers les passagers ayant lancé des pièces et quelle tristesse envers ces gens s’entassant sur leur pirogue, vivant même peut être dessus, avec leurs nombreux enfants, et devant se placer comme à un statut inférieur à ceux qui leur accordent leur pitié.
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